mardi 22 juillet 2014

Bienvenue chez Mr. Giovanini

Nous commençons notre tournée des producteurs qui fournissent l’épicerie paysanne ADELE. Devant votre curiosité, notre volonté de faire le lien ville-campagne, notre envie de satisfaire vos questionnements sur l’origine des produits, nous sommes passés à l’action et tapons à la porte de nos producteurs phares.
  
Mr Jean-Claude Giovanini travaille sa terre à Fournes à 20km au nord de Beaucaire. Agriculteur depuis plus de 50 ans, il nous fait profiter de son savoir faire. Pour l’épicerie et vos assiettes il s’exprime à travers ses abricots et ses cerises, ses poires, pommes et kiwis… Alors que tous les producteurs se sont mis à la vigne en Côte du Rhône, il fait partie des deux paysans qui contribuent à la diversité paysagère et écologique des cultures en pratiquant la culture fruitière.
Jean Claude nous montre ses abricots.
“Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier“ Cet adage a fait long chemin dans sa famille. Son père arrive d’Italie et commence la culture de fruits. Jean Claude, son frère et sa soeur héritent de l’exploitation. Leur deux hectares de vignes disparaissent lors de la crise du vin des années 60 (en France, les progrès techniques ont entrainé une surproduction du vin par rapport à la consommation, faisant ainsi chuter les prix du marché).
Depuis, la culture de la vigne a repris grâce au label “côte du rhône AOP”. Les politiques communales et la coopérative s’intéressent quasi exclusivement aux vignerons : matériel, filières, transformation des produits... Quand on fait des fruits commes les Giovaninni, on est seul à Fournes… Qu’à cela ne tienne, Jean Claude reste sur ses productions. Récolte manuelle, nous apercevons son frère le seau à fruits autour de la ceinture, les mains fourrées dans les branchages.

Tous les soirs à minuit, Jean-Claude prend le café et se met au volant de sa berlingo remplie de fruits pour 3 heures de route. Arrivés aux Marché d’Intérêt National (le MIN) à 3h30, nous le retrouvons derrière ses piles de cageots d’abricots et de cerises, ou de poires et de pommes selon la saison.
  
Un petit tracteur au moins aussi âgé que son conducteur
Il pratique l’agriculture raisonnée. Devant ses kiwis, il nous explique qu’il ne les traite pas, pas besoin, rien ne s’ y attaque. Pour le reste, il doit recourir  parfois à des produits phytosanitaires pour ne pas perdre sa récolte. Il fait moitié moins de traitements que ce qui se fait en conventionnel. Pourquoi ne pas traiter du tout? Il explique indigné que chaque fois qu’il avait fait le choix de ne pas passer les produits phytosanitaires, personne n’achetait ses fruits. Nous les épiciers, nous confirmons: ses excellentes poires étaient tachées, mais avec une chaire juteuse et très sucrée… mais l’apparence du fruit poussait nos clients vers d’autres poires plus “propres”.
 
Les normes mises en place par les grossistes nous ont éduqués à un mode de consommation qui ne sert pas les petites productions et la diversité. Alors peut-on inverser la tendance ? Peut on reprendre en main notre agriculture en se réappropriant l’acte de consommation ?

1 commentaire:

  1. Dommage de traiter, certes modérément, pour des questions d'apparences ! Bien sur, ce n'est pas à Jean Claude qu'il faut jeter la pierre ; nous avons chacun une part de responsabilité. Espérons que les consommateurs d'Adèles sachent acheter et apprécier les poires tachetées ...

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